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Frithjof Schuon

Copyright© 2005, Ghislain Chetan

Cliquez ici pour une introduction sur La poésie de Frithjof Schuon

 

Vérité et Présence — il n’y a rien de plus grand;
La lumière et la chaleur parcourent l’espace:
Dieu rayonne et vivifie. Tu es en sécurité
Dans Sa Réalité — le monde est rêve;
Mais en lui aussi, clarté et chaleur sont tissés;
Omniprésence du Seigneur — louons-Le.
La Vérité qui témoigne du Réel —
La Présence qui l’inscrit dans le coeur.

 

Tiens-toi sur le sol
Que le Très-Haut t’a offert —
Ne te laisse pas troubler
Ni par l’extérieur, ni par l’intérieur.
Il doit certes y avoir des épreuves,
Que ce soit dans le monde ou dans l’âme
Ferme est le sol de Dieu,
Et ferme Sa demeure dans le coeur.

 

Je pense au Réel et ne veux rien savoir de plus —
Car ce que je pourrais savoir, le Seigneur des mondes le sait.
Nous apprenons des tas de choses, non parce que nous le voulons —
Mais simplement parce que nous devons le savoir.
Certes, on a le droit de penser à maintes choses —
Mais puisse Dieu nous donner le discernement.

 

Je me tiens à Toi, mon Dieu,et ne veux me soucier de rien —
Laisse venir ce qui doit venir,et laisse l’espérance briller.
Et ce qui arrive, Dieu l’a voulu,sinon cela ne se produirait pas —
Ce qui ne te conduit pas vers le Meilleur,
ne peut être inscrit dans le livre de Dieu.

 

Dans le ciel au-dessus de nous réside un enseignement:
Son bleu profond est paix, et néanmoins ferveur;
Parfois il est blanc, et parfois doré —
Il témoigne à toute heure du Souverain Bien.
Le ciel avec le soleil, avec la pluie,
Te rappelle, quand Dieu le veut, la Bénédiction divine;
Et de même la nuit: il y a la mer d’étoiles —
Infinitude dans le lointain du Très-Haut.

 

La doctrine peut suffire: il y a des hommes
Qui sur la Voie spirituelle n’ont nul autre besoin;
Et d’autres dont la nature primordiale veut,
Qu’ils fument le calumet de paix de la beauté.
Car dans le monde formel il y a maintes portes
Qui, correctement ouvertes, mènent à la Vérité.

 

La confiance en Dieu se base sur cette pensée:
Dieu sait pourquoi Il te voulait dans l’existence —
Il sait ce que sont tes dons, tes besoins
Et tes soucis; comment Il devrait aider.

 

L’homme peut être intelligent ou non;
A cela s’ajoute un troisième élément: le vent
De l’illusion de l’âme. Intelligent ou sot, l’homme
Devient sourd et aveugle, par le poison de l’erreur.
Garde-toi, ami de Dieu, des psychoses —
Fais confiance au Seigneur:« La patience apporte des roses. »

 

Consolation dans la détresse: la Vérité, la confiance;
La Vérité que Dieu est la Toute-Réalité,
Le Souverain Bien; la confiance que
Le Puissant considérera notre détresse —
Lui qui pardonne les faiblesses à celui qui croit.

 

L’activité culturelle mondaine — dilapidation
Et vaine aspiration; la tempête apaisée,
Toute illusion, par le balai du temps,
Comme la frondaison d’automne, sera emportée.
Regardez dans le sage ménage de la Nature:
Chaque année apporte un miracle renouvelé
Dans le langage de Dieu; non par la tyrannie de l’homme.
Richesse dans la pauvreté — simple mais merveilleux.
Ce n’est pas qu’il nous faille mépriser l’oeuvre humaine
Si, provenant du Vrai, elle ennoblit l’homme;
Considérons l’oeuvre à la Lumière de Dieu.

 

Le Vrai et le Beau sont prêts
A tirer l’homme de la vallée de larmes —
D’un monde plein de fausseté et de laideur
Sur une hauteur, où les grâces fleurissent.
Vérité et Beauté offrent lumière et joie;
« Je vins, je vis, je vainquis » —
disent-elles toutes deux.

 

Je pense à Dieu et laisse les multiples soucis de côté —
Mainte vaine pensée n’a fait que les aggraver.
Il vaut mieux ne pas me soucier de l’illusion du monde,—
Pour peu que le Bon Dieu se soucie de moi.

 

Pense à Dieu et ne te fais pas de soucis —
Le monde est comme une mer agitée par le vent;
Ta barque ne sait pas ce que veut la vague —
Dans la Présence de Dieu, tu es en sécurité.

 

L’âme doit se fonder sur des pensées
Qui sont utiles à sa raison d’être et à son destin;
Elle ne doit pas voltiger dans l’espace des rêves,
Dans le but de grappiller une vaine illusion.
Saisis, homme, ce qui est réel et divin,
Et deviens ce que tu es en Dieu.

 

Images primordiales (Herbstblätter)

Les personnes aimées sont inscrites dans les étoiles,
Peintes dans l’espace profond;
Elles étaient déjà, avant de devenir terrestres —
Les Noms divins sont leur archétype.
En les aimant, tu aimes Dieu, que tu le saches
Ou non. En aimant Dieu, tu les aimes —
Car elles sont des images que le Très-Haut créa
De la profondeur de Sa Nature — tu ne sais point
Comment l’appeler? Dieu est incommensurable:
L’Un est l’Infini — écoute donc
L’énigme — Il est d’une insondable richesse,
Sans que pour autant l’Être Un se multiplie.

 

Science

« Je prends refuge auprès du Seigneur
Devant un savoir qui m’est inutile. »
Ainsi parla le Prophète.
Demande aux savants:
A quoi vous sert ce que vous savez d’Antarès ?
L’astronomie : ne soyez pas trop zélés;
Que la terre est ronde, vous pouvez le savoir,
Car c’est évident et a aussi son sens;
Laissez les Andromèdes fuir dans le néant.

 

Points de repos

Le Kali-Yuga n’est pas qu’une chute
Vers le bas; à maints endroits il reste au repos:
Les valeurs cosmiques peuvent partout
Apparaître, selon la Volonté du Très-Haut.
Vérité et puissance du Bien sont à l’oeuvre,
Le Krita-Yuga scintille dans la nuit.

 

Cogitatio

Si tu es célèbre comme d’autres le furent avant toi —
Qui demandera après toi dans cent mille ans?
Si tu es méprisé, comme beaucoup le sont —
Cela importe-t-il, si le Seigneur t’est favorable?
« Tout est vanité » a dit un sage roi;
Il était avec Dieu. —
Les applaudissements du monde sont peu de chose.

 

Caritas

Toi qui pries dans la solitude, ne pense pas
Que tu sois seul; pour d’autres aussi,
Que tu ne connais pas, ta prière est un bien,
Une bénédiction et un devoir.
Le Souvenir de Dieu, tu le dois au Très-Haut,
Ensuite à toi-même aussi bien qu’au prochain.
L’endroit où vous vous arrêtez pour le Seigneur
Est comme un pôle autour duquel tourne le monde.

 

IV (Lieder 8)

Naissance et mort: la venue dans le monde terrestre
Est plus douloureuse que la séparation de la terre.
Comprenez: la naissance est aussi une sorte de mort;
Toutefois la mort dans le Très-haut apaise toute souffrance,
Car la Lumière céleste accueille l’âme. Le Souvenir de Dieu
Est une mort aussi — mais Dieu veut nous offrir Sa Vie:
Le Bon Berger nous mène dans les pâturages éternels.

 

L’homme est un faisceau d’expériences qui
En crue s’écoule dans la ruelle de la vie,
Autour de lui un courant de choses, d’êtres, de rêves
Qui sans demander l’entraîne avec lui
Dans une direction que nul ne connaît —
Une voie du destin sur ordre de la Puissance suprême.
Il n’est qu’une seule chose qu’il importe de comprendre:
Qu’un choix existe: ne pas aimer l’illusion,
Mais avec l’aide de Dieu, aller à Lui —
Comme le Seigneur l’a inscrit dans le coeur.

 

Serenitas — planer au-dessus des nuages;
Le monde est rempli de va-et-vient — et de même
L’âme humaine. Monde et âme sont petits
Devant ces hauteurs. Si tu veux vivre comme l’aigle
N’oublie jamais l’Être pur et lumineux.

Autres Extraits

Copyright© 2005-2008, Ghislain Chetan