Science et vocation humaine

Il y a lieu de reprocher aux protagonistes de la science expérimentale dite « exacte », non d’avoir découvert ou saisi telle situation du monde physique, mais de s’être enfermés dans une curiosité scientifique disproportionnée par rapport au connaissable essentiel, donc d’avoir oublié la vocation totale de l’homme. Pour cette raison même, les pionniers du scientisme n’ont jamais voulu comprendre que l’humanité moyenne est intellectuellement et moralement incapable de faire face à des données contraires à l’expérience humaine, collective et immémoriale, et avant tout, que la science du relatif, qui, par définition, est partielle, ne peut se détacher impunément de la science de l’absolu, qui par définition est totale. Galilée, et à travers lui Copernic, fut accusé d’hérésie, comme bien avant eux Aristarque fut accusé – pour le même motif – de « troubler la tranquillité des Dieux »; ce qui est plausible quand on tient compte de l’ensemble des facteurs en cause, car l’homme n’est pas fait pour la seule astronomie. Forme et substance dans les religions p. 49, note 4.

Il résulte du fait que la science moderne ignore les degrés de réalité qu’elle est nulle et inopérante pour tout ce qui ne s’explique que par eux, qu’il s’agisse de magie ou de spiritualité, ou de n’importe quelle croyance ou pratique de n’importe quel peuple ; elle est, plus particulièrement, incapable de rendre compte de phénomènes humains ou autres situés dans un passé historique ou préhistorique dont la nature, ou la clef, lui échappe totalement et par principe. Aussi n’est-il guère d’illusion plus désespérément vaine – et bien autrement naïve – que de croire que la science moderne finira par rejoindre, par sa course vertigineuse vers « l’infiniment petit » et l’ « infiniment grand », les vérités des doctrines religieuses ou métaphysiques. Forme et substance dans les religions p. 66.

C'est un abus de langage des plus pernicieux que d'appeler des "sages" les savants physiciens, dont l'intelligence - hormis leur génie s'ils en ont - est en général tout à fait moyenne, et qui ignorent tout ce qui dépasse le monde physique, donc tout ce qui constitue la sagesse. On n'a jamais tant parlé "d'intelligence" et de "génie" qu'à notre époque de nuit intellectuelle, et il n'a jamais été aussi difficile de s'entendre sur le sens de ces mots ; ce qui est certain, c'est que les hommes n'ont sans doute jamais été plus rusés et plus ingénieux que de nos jours. De l' "intelligence", il y en a à revendre, mais la vérité, c'est tout autre chose.(Forme et substance dans les religions p. 64, note 10.)

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