Science et mystère

L’illusion d’un « réel absolu » dans la relativité rend possibles les sophismes philosophiques et elle engendre, notamment, une science empiriste et expérimentale voulant dévoiler le mystère métaphysique de l’Existence (1); ceux qui veulent enfermer l’Univers dans leur courte logique ne se rendent pas compte, en pratique tout au moins, que la somme des connaissances phénoménales possibles est inépuisable et que, par conséquent, les connaissances « scientifiques » actuelles représentent un néant à côté de nos ignorances — bref, qu’ « il y a plus de choses au ciel et sur la terre, que ce que votre philosophie peut rêver ». (Shakespeare) et qu’il faudrait, pour étendre nos moyens d’investigation à l’échelle du cosmos total, commencer par multiplier nos sens mêmes en progression mathématique, ce qui nous ramène à l’illimité, donc à l’inaccessible et à l’inconnaissable.

(1) A l’aide de télescopes géants et de microscopes électroniques, au besoin. Goethe, en refusant de regarder par un microscope pour ne pas arracher à la nature ce qu’elle ne veut livrer à nos sens, a eu une intuition très juste des limites de toute science naturelle, en même temps que des limites de l’humain. Images de l’esprit, p. 114-121.

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